2024-02 Un chercheur de l’IPREM participe à la première estimation mondiale des émissions hydrothermales de mercure

Un chercheur de l’IPREM participe à la première estimation mondiale des émissions hydrothermales de mercurePublication scientifique dans la revue internationale Nature Geoscience

Nature Geoscience
David Amouroux, directeur de recherche à l’Institut des sciences analytiques et de physico-chimie pour l’environnement et les matériaux IPREM (unité mixte de recherche UPPA/CNRS) fait partie de l’équipe internationale de chercheurs, coordonnée par le CNRS, ayant établi la première estimation mondiale des émissions hydrothermales de mercure provenant des dorsales médio-océaniques. Les résultats ont été publiés dans la revue Nature Geoscience de février 2024 et dans le journal Terre et Univers du CNRS en décembre dernier.

La Convention de Minamata sur le mercure de l’ONU vise à réduire l’exposition humaine au mercure, très toxique, à travers la réduction des émissions anthropiques de mercure, c’est-à-dire liées aux activités humaines.

Les humains sont principalement exposés via la consommation de poissons qui bioaccumulent le mercure de l’océan. Le paradigme actuel est que les émissions anthropiques de mercure (actuellement 3 100 tonnes par an) sont à l’origine de l’augmentation du réservoir océanique mondial de mercure de 21%. Cette estimation est erronée car nous ne savons pas quelle quantité de mercure naturel résidait dans l’océan avant le début des émissions anthropiques.

Savoir si la quantité de mercure présente dans les poissons peut être réduite

La cheminée hydrothermale TAG © HERMINE Expedition - Ifremer
Nous ne sommes également pas en mesure de quantifier l’impact des émissions anthropiques sur les niveaux de mercure chez les poissons. L’hydrothermalisme, c’est-à-dire l’émission d’eau chaude sous-terraine au fond des océans, est la seule source directe de mercure naturel vers l’océan. Des études antérieures, basées uniquement sur les mesures des fluides hydrothermaux, suggéraient que les apports du mercure hydrothermal pourraient se situer entre 20 et 2 000 tonnes par an. Cette nouvelle étude a utilisé, en plus des mesures de fluides, des mesures de panaches hydrothermaux, d’eaux de mer et de carottes de roches provenant de la source hydrothermale Trans-Atlantic Geotraverse (TAG) sur la dorsale médio-atlantique.

La combinaison des observations suggère que la majorité du mercure enrichi dans les fluides serait diluée dans l’eau de mer et qu’une petite fraction précipiterait localement. Une extrapolation des résultats indique que le flux hydrothermal global de mercure provenant des dorsales médio-océaniques est faible (1,5 à 65 tonnes par an) par rapport aux émissions anthropiques de mercure. Bien que cela suggère que la majeure partie du mercure présent dans l’océan est d’origine anthropique, cela laisse également espérer que la mise en œuvre stricte des réductions d’émissions liées à l’activité humaine, dans le cadre de la Convention de Minamata, réduira les niveaux de mercure des poissons et l’exposition des humains.

David Amouroux a apporté son expertise en analyse de contaminants chimiques, comme le mercure, en milieux aquatiques et encadré l’auteur principal de cette publication scientifique d’envergure.

Torres-Rodriguez, N., Yuan, J., Petersen, S. et al. Mercury fluxes from hydrothermal venting at mid-ocean ridges constrained by measurementsNat. Geosci. (2023).