Handicap« Nous voulons être des étudiants comme les autres »

Par Direction de la communication

Elena Etchepare, 21 ans, étudiante en licence 3 Sciences de la vie à Pau, souffre d'une dystrophie musculaire. Elle témoigne de son parcours d'études à l'université en situation de handicap.

Comment s'est déroulée votre scolarité jusqu'à votre entrée à l'université ?

J'ai été diagnostiquée à l'âge de 9 ans. À 12 ans, je ne pouvais plus courir. On m'a alors proposé d'aménager ma scolarité, mais je ne le souhaitais pas.  Je voulais vivre comme tout le monde. J'ai d'ailleurs continué l'équitation jusqu'à mes 18 ans. J'ai donc suivi une scolarité à peu près normale, d'abord au collège, puis au lycée Bernat Etxepare de Bayonne. En revanche, lorsque je suis arrivée à l'université, je suis entrée dans un autre monde. Tout est devenu plus compliqué, plus épuisant.

 

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

Pour commencer, les mois précédents la rentrée universitaire, la procédure pour solliciter un logement adapté est plus lourde et plus fastidieuse que pour les autres étudiants. J'ai fini par obtenir une place au sein de la résidence universitaire Gaston Phoebus, à proximité du campus palois de l'UPPA, mais ça m'a pris beaucoup de temps et d'énergie. Idem à 18 ans, lorsque j'ai monté les dossiers pour obtenir les allocations et les aides liées au handicap. Il faut sans cesse se justifier, relancer les interlocuteurs. Quand on est en situation de handicap, on se fatigue plus que les autres. Si on nous rajoute des difficultés supplémentaires, ça peut devenir rapidement ingérable.

 

Avez-vous sollicité le soutien de l'UPPA ?

Oui, en effet. Au départ, je pensais qu'on ne pourrait pas m'aider. Une assistante sociale m'a finalement accompagnée pour préparer les différents dossiers. Elle m'a communiqué les informations dont j'avais besoin et j'ai pu aller au bout de mes démarches. Je l'en remercie, mais je regrette qu'un étudiant en situation de handicap doive en permanence se démener pour trouver de l'aide. On a le sentiment de toujours réclamer, de devoir faire à chaque fois le premier pas. On s'épuise physiquement et mentalement. En deuxième année de licence, la fatigue et la charge mentale sont d'ailleurs devenues trop importantes pour moi. J'ai craqué et je me suis arrêtée pendant deux mois. Mes professeurs sont dévoués, sensibles. Ils ont toujours répondu présents quand j'ai eu des soucis. J'ai également le sentiment que la direction de l'UPPA est à notre écoute. Dans le fond, ce qui manque, c'est un accompagnement au long cours pour toutes les démarches administratives et une meilleure coordination entre les différents acteurs.

 

De quels aménagements bénéficiez-vous aujourd'hui ?

Après l'interruption de ma scolarité, l'université m'a proposé de mettre en place des aménagements spécifiques. Jusque-là, je n'avais rien demandé. La Mission Handicap de l'UPPA a mis une étudiante à ma disposition. C'est une preneuse de notes qui suit les cours auxquels je ne peux pas assister quand je suis trop fatiguée. Je bénéficie également, toujours grâce à la Mission Handicap, d'un tuteur qui m'assiste pour le soutien scolaire. C'est un étudiant de l'UPPA qui m'aide à réviser les cours et à préparer les examens. L'université m'a en outre proposé d'étaler l'année de licence sur deux ans. J'ai accepté, même si je le vis un peu comme un redoublement. Ce n'est pas la solution idéale, car on double le nombre d'années avant d'obtenir son diplôme. Je pense qu'on pourrait faire autrement. Par exemple, en suivant l'année en contrôle continue. Car, dans le fond, mon vrai problème ce sont les examens. Je bénéficie d'un tiers de temps en plus pour rendre ma copie, mais ce n'est pas suffisant.

 

Que changeriez-vous pour améliorer l'accueil des étudiants handicapés ?

L'UPPA est sur la bonne voie, mais je pense que l'on peut aller plus loin. D'abord, ne pas attendre que les étudiants réclament des choses pour agir. Lorsque que l'université lance la rénovation d'un bâtiment, il est indispensable de prendre en compte les besoins spécifiques de chacun. Je ne parle pas seulement du respect des normes. Je pense par exemple à l'amélioration de l'accueil des personnes handicapées dans les amphis par la création de places adaptées. Nous voulons juste être des étudiants comme les autres. Dans un autre domaine, je regrette également qu'il n'y ait pas de sports adaptés. Je crois enfin qu'il serait nécessaire, en plus des médecins et des psychologues de l'université, d'avoir accès à un kinésithérapeute. Pour une personne handicapée physique, les soins d'un kiné sont primordiaux pour tenir le coup et poursuivre ses études dans de bonnes conditions.

 

Mission Handicap 
Tél. 05 59 40 79 00
Mail : handi@univ-pau.fr  (handi @ univ-pau.fr)